Le qualiticien QHSE et le maître du temps
Si l’on vous demande quel corps de métier est en charge de l’humain et des compétences, vous me répondrez naturellement, les ressources humaines. Si l’on fait de même pour les ressources économiques et financières, vous répondrez le DAF (directeur des affaires financières), la comptabilité. Si nous poursuivons avec la réglementation, les lois et normes, là aussi, vous répondrez le juriste, le service juridique principalement. Mais voilà, qui est en charge du capital temporel dans une entreprise ? Qui est le maître du temps et de ses enjeux ?
Le qualiticien n’est pas un gratte-papier des procédures !
Par méconnaissance et mésusage, les grandes directions et la grande majorité des personnes perçoivent le qualiticien comme un gratte-papier. Celui qui rédige les procédures, les processus, qui fait figure de rigoriste quant à la bonne application de toute cette masse documentaire ; mais voilà, c’est une vision profondément réductrice.
Oriane.info en donne une définition très intéressante :
Activités principales
Le responsable qualité, ou qualiticien, interviens pour optimiser la qualité des produits ou des services d'une entreprise industrielle ou tertiaire. L'objectif est de minimiser ou d'éviter les défauts de fabrication, le gaspillage de matières premières, les retards de livraison... En clair, gommer toute source d'insatisfaction pour le client.
Comment travaille-t-il ?
Le qualiticien étudie tous les domaines de l'entreprise : des fournisseurs aux sous-traitants, en passant par la fabrication, le conditionnement, l'accueil, etc. Pour cela, il rencontre de nombreux collaborateurs de l'entreprise, analyse les méthodes de travail, compile les données comptables, etc. Il définit ensuite, dans un manuel ou une charte, les moyens d'améliorer le produit et les prestations, notamment dans le cadre de mises aux normes françaises ou européennes de qualité : la certification. Il procède régulièrement à des vérifications sur les chaînes de production et inspecte de façon aléatoire les produits finis. Enfin, le qualiticien joue un rôle de conseil en proposant d'adapter les techniques et les savoir-faire.
Où exerce-t-il ?
Les PME et les PMI, qui mettent progressivement en place une démarche qualité, recrutent des qualiticiens afin de rester compétitives et crédibles sur un marché toujours plus concurrentiel. Les grandes entreprises (dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, de l’énergie ou encore de la chimie), font également appel à des qualiticiens pour mettre en place et organiser la production au quotidien. De nombreux emplois existent également dans les cabinets d'audit, les sociétés de conseil en organisation et les organismes de certification et de mise aux normes de qualité.
Qui est le maître du temps et de ses enjeux ?
Le temps est le même pour tous et les nombreuses lois de gestion du temps nous rappellent cela. Exemples avec cet article de Gordon Crossings :
Les 10 lois de gestion du temps pour rester efficace au travail
Loi de LABORIT : toujours commencer par le moins plaisant
Loi de FRAISSE : aligner le temps consacré à la tâche à son importance
Loi de KOTTER : découper le temps en séquences courtes pour mieux le gérer
Loi de TAYLOR : ordonnancer les actions à réaliser
Loi de PARETO : consacrer son temps à ce qui est essentiel
Loi de PARKINSON : lutter contre l’expansion naturelle du temps
Loi de DOUGLAS : organiser l’espace pour mieux gérer le temps
Loi d’ILLICH : rester économe de son temps
Loi de CARLSON : être focalisé sur une tache pour mieux maîtriser le temps
Loi de MURPHY : garder des réserves de temps pour faire face à l’imprévu
Primo : l’écoulement du temps, l’enjeu des lois du temps
L’écoulement du temps est le même pour tous dans notre monde. Si l’on ne peut pas agir sur le temps, il faut donc agir sur l’optimisation des moyens, notamment les moyens organisationnels. Or, les obligations de résultat ne peuvent être atteintes que si l’on se donne les moyens. Les obligations de moyens sont donc THOES, techniques, humaines, organisationnelles, économiques et stratégiques.
Deuxio : la facétie de notre cerveau, l’enjeu des biais
Notre cerveau, pour maintenir sa condition opérationnelle et prévenir les surcharges, s’avère un « fainéant en bonne intelligence ». Ces automatismes constituant des reliquats de notre condition animale conduisent aux phénomènes des biais psychosociaux. Ces biais sont deux natures :
- Les biais cognitifs
- Les biais culturels
Le biais cognitif
C’est un mécanisme de pensée à l’origine d’une altération du jugement, une déviation dans le traitement cognitif d'une information. À cause des biais cognitifs, la prise de décision de l’individu sera faussée.
Le biais culturel
C’est lié à votre conditionnement depuis votre enfance. C'est le fait pour une personne de juger et interpréter les choses, les phénomènes, les évènements, les problèmes ou opportunités, les prises de position ou de décision de telle(s) ou telle(s) autre personne(s), etc. à partir uniquement de ses propres références culturelles1. Par exemple une personne de culture nord-européenne aura tendance à penser que, lors d'un enterrement, les personnes s'habillent universellement en noir, alors que dans certaines cultures méditerranéennes, la mort est quelquefois symbolisée par le blanc.
Il est le maître des ressources temporelles !
C’est deux enjeux de maîtrise, l’enjeu de maitrise des lois du temps et celui des biais s’avèrent potentiellement hautement chronophages. C’est ici qu’intervient tout le sens du métier de qualiticien.
De par la nature de ses missions, de son métier, cette profession a acquis un puissant pôle de compétence. Cette boite à outils de moyens THOES du qualiticien permet de contrer les effets néfastes des biais et de maîtrise du temps par l’optimisation des conditions d’exploitation.
En étant le maître des ressources d’optimisation organisationnel, le qualiticien est donc le maître des ressources temporelles
Le qualiticien, un analyste du renseignement !
Les bons experts HSE/QHSE sont nécessairement des analystes intrinsèques par définition. En effet, les fondements de tout métier lié à la sécurité et de maîtrise des risques, c’est d’abord le renseignement. Le cycle du renseignement s’applique. La commande de départ est donc liée aux besoins de l’organisme et à la nature des missions du qualiticien. Il existe de nombreuses variantes du cycle du renseignement. La version particulière au qualiticien, c’est la Roue dite de Deming ou PDCsA. La version la plus proche du cycle du renseignement et intégrant le PDCA, c’est la méthode WV de Shiba.
A minima, cela implique :
Un avant ou phase Plan :
Les sources sont diverses, mais l’acte fondamental vise à qualifier et quantifier la situation présente. Cette partie constitue les intrants du processus de base du métier en livrant des données d’entrées qualitatives et comparables.
Cette collecte de renseignement factuelle implique et permet donc une analyse à très haute valeur ajoutée, car ces métiers impliquent la recherche de signaux précurseurs très faibles et des signaux subtils aux fins de maîtrise de la qualité, d’anticipation des effets des non-conformités statistiquement connue, d’optimisation intelligente des moyens techniques humains, organisationnels économiques et stratégiques. L’outil 6sigma est un exemple emblématique d’analyses statistiques de maîtrise des écarts de production, le document unique est un autre outil d’analyse statistique par caractérisation sémantique sur les différents niveaux de la pyramide de Bird, etc. Tous impliquent des intrants, permettent des analyses et dégagent des extrants.
Un pendant ou phase Do :
De cette analyse découle un travail de synthèse et de vulgarisation aux fins de documentations diverses d’aide à la prise de décisions en fonctions de l’interlocuteur (de directeur à employer), de l’objectif à atteindre, des effets escompter. Ce dernier point implique donc une analyse de ces 3 critères majeurs pour un tir ciblé efficace répondant à la règle d’analyse des 3U*. Ce dernier point constitue donc l’extrant du processus métier ou le livrable inscrit dans la dynamique de l’amélioration continue, par exemple le PDCA.
Les outils du métier sont nombreux, les outils MRP (méthodes de résolution de problème), la roue de Deming, ou les *3U pour Utile, utilisable donc utiliser (un stylo bic est utile pour écrire, il est utilisable, il est donc utiliser. Prenez le même stylo, mais en version 1 mètre de long, il est toujours utile, mais il devient difficilement utilisable, il sera donc peu utiliser).
Ainsi, tous les outils usités dans ce corps de métier sont donc des outils d’analyses, qu’il soit sémantique et rhétorique ou mathématique. Très souvent, ce sont des outils de caractérisation pour dégager des données statistiques, donc d’analyse. CQFD
Un après ou phase Act :
C’est la capitalisation du RETEX
La phase check ou studie
Cette phase est omniprésente à tous les instants du processus et après.
Conclusion
Le qualiticien est bien le maître du temps ou, plutôt, le coordinateur des conditions d’exploitation. Dans son rôle de coordination, il offre à chacun, dans la limite de son rôle, de ses responsabilités, de ses compétences et prérogative, le devoir de pouvoir optimiser ses conditions d’exploitation.
